La RSE en entreprise : Définition

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RSE agence cause image d'une ville et image d'une campagne pour représenter l'impact environnemental des entreprises
Emilie Grossi consultante en stratégie environnementale

Interview de Emilie Grossi, experte qui accompagne les Start-ups, TPE, PME et grands groupes dans leurs démarches RSE. 

1. Pour commencer, est-ce que tu peux nous expliquer en quelques mots à quoi correspond l'acronyme RSE, et ce qu'on y met derrière concrètement ?

Ce sigle signifie Responsabilité Sociétale des Entreprises. En quelques mots, c’est l’idée d’intégrer les préoccupations sociales, environnementales dans les activités économiques des entreprises et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes. C’est depuis 2011 qu’est formalisé le terme RSE par l’union Européenne. C’est encore aujourd’hui une démarche majoritairement volontaire mais le cadre législatif se construit autant au niveau Européen que français. 

 

La RSE en France

En France, l’initiation d’un cadre légal pour la RSE existe depuis 2001. Les entreprises cotées en bourse doivent indiquer dans leur rapport annuel une série d’informations relatives aux conséquences sociales et environnementales de leurs activités. C’est le début du reporting extra financier dont on parle beaucoup aujourd’hui et qui est renforcé par la loi Pacte.

Plus simplement, la RSE c’est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable.

2. Est-ce que les entreprises ont des obligations en matière de RSE aujourd'hui, et comment ça se matérialise ?

Oui il commence à exister un législation autour de la RSE, seulement ça ne concerne pas encore toutes les entreprises. En outre, la progression reste très lente car il n’est sujet que de reporting et non pas de réelles exigences de résultats ! 

Aujourd’hui, seules les entreprises suivantes ont l’obligation de faire un reporting extra-financier qui présente les principales ressources de l’entreprise (matières premières, produits et services entrants, énergies, ressources humaines, ressources financières…) :

les SA de plus de 500 salariés avec un bilan financier dépassant les 20 millions d’euros ou un CA supérieur à 40 millions d’euros

les entreprises non cotées de plus de 500 salariés avec CA supérieur à 100 millions d’euros

3. Quel est l'intérêt pour une entreprise de mener une politique RSE, au-delà du sens ?

L’intérêt de mener une politique RSE pour une entreprise est multiple et répond à différents objectifs ! Il est difficile de hiérarchiser les arguments ou d’en faire une liste exhaustive car leur forces et leur pertinence dépendra de la situation économique et de marché de chaque entreprise. Cela étant, on peut citer les principaux qui sont : 

1. Prévoir les obligations réglementaires Françaises et Européennes en faisant évoluer les pratiques au sein de leur fonctionnement

2. Sécuriser leur chiffre d’affaires 

3. Réduire réellement les impacts de ses activités sur l’environnement

4. Conserver les collaborateurs motivés

 

4. Quelles sont les contraintes pour l'entreprise ?

Mise à part la réglementation de reporting extra-financier, qui je répète, n’est obligatoire que pour certaines entreprises, et finalement, n’est qu’une documentation déclarative sans exigence de résultats, la RSE n’est actuellement, pas un dispositif contraint ! Chaque entreprise peut s’en emparer des questions environnementales et sociales qu’elle engendre. Libre à elle de construire et innover, à travers la définition de sa mission, ses propres objectifs environnementaux et sociaux.
 

Cependant, s'engager dans une démarche RSE demande une implication morale et éthique.

Une démarche RSE réussie passe par la définition de mesures concrètes qui permettent de répondre aux enjeux particuliers de son secteur d’activité.

Par exemple une cimenterie privilégiera des actions de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre car c’est l’un des enjeux majoritaire de son activité. A l’inverse, une entreprise ayant beaucoup d’activité dans des pays à faible régulation, privilégiera la lutte contre la corruption.

 

5. Peux-tu me citer 2/3 entreprises "bonnes élèves" et ce qu'elles ont mis en place ?

Les entreprises soumises au reporting extra-financier

Parmi les entreprises cotées au CAC40 on peut distinguer quelques bonnes avancées en matière d’engagement. Nous pouvons citer comme exemple, Danone, qui indexe la part variable de ces 1400 cadres dirigeants selon la règle du bonus en trois tiers. Ainsi, les objectifs économiques sont récompensés à égalité avec les critères de performance individuelle et les objectifs sociaux et environnementaux, alors qu’en général, on retrouve plutôt une pondération de 15%. 

Certains comités dédiés à la RSE ont fusionné avec des comités de stratégie. C’est le cas, par exemple, chez l’Oréal qui est leader du secteur de la cosmétique en matière de RSE. En effet, le groupe à par exemple publié un manifeste qui se traduit en cahier des charges techniques précis pour le développement de cosmétiques par la “green chemistry”. Cette méthode repose sur trois piliers : 

– employer des matières premières botaniques donc renouvelables

– créer des techniques eco-friendly afin de réduire les étapes de synthèse des produits et l’utilisation de solvants, 

– développer de nouveaux ingrédients avec un profil plus écologique

Une politique payante puisque depuis la mise en place de cette green chemistry, il est estimé que l’empreinte environnementale des produits a été réduite de 22% en moyenne ! Au niveau social, l’un des objectifs affiché pour 2020 est d’aider près de 100000 personnes provenant de communautés défavorisées dans l’accession à un emploi décent. Toutes les initiatives et progression des objectifs de L’Oréal sont énoncées dans le rapport Sharing beauty with all. 

 

Les entreprises non soumises au reporting extra-financier

Concernant les entreprises non soumises au reporting extra-financier, il est difficile de dégager une tendance unique. Les actions sont très dépendantes, de la taille des entreprises et de leur secteur d’activité. 84% des entreprises de plus de 500 salariés ont engagé des actions, elles ne sont que 47% parmi les unités de 50 à 249 collaborateurs. Les plus dynamiques sont celles de l’énergie, de l’environnement et de l’agroalimentaire alors qu’à l’inverse, le commerce se soucie peu de ces enjeux.

Pourtant, ces entreprises peuvent tirer un vrai bénéfice en intégrant une démarche RSE au plus tôt, et en la déroulant également dans leur plan marketing. La démarche aura en effet un réel impact sur l’engagement de leur communauté et de leurs équipes.

6. Finalement, quels sont les enjeux de la RSE en 2019 ?

La RSE en 2019 peut être bien représentée par le slogan c’est “Notre affaire à tous”. La plateforme de la RSE et du développement durable résume assez la RSE en 2019 à travers 3 indicateurs : 

-Bien sur, l’augmentation du nombre d’entreprises intégrant les questionnements de la RSE à leur ADN.

– La diversification des acteurs s’engageant pour une RSE Proactive. Jusqu’à présent, c’était les entreprises en lien direct avec les consommateurs (BtoC) qui avaient le plus “d’avance” mais à ce jour, il y a également  de nombreuses industries et entreprises du tertiaire en BtoB mais également des marques qui portent des objectifs RSE forts. D’autre part, on parle aujourd’hui aussi de RSM (Responsabilité Sociale des Marques) ou de RSO (Responsabilité Sociale des Organisations), ce qui montre que tous les acteurs économiques se sentent désormais concernés par leur impact sur l’environnement et les liens sociaux au sein de leur fonctionnement. 

– Le dernier indicateur représentant l’accélération de l’intérêt des professionnels pour la RSE et ses dérivés est le caractère d’innovation qu’on associe depuis très récemment à la RSE. C’est à mon sens l’initiation de l’accélération du changement que nous attendons depuis plusieurs années !

 

Un modèle de société innovant ?

En effet, la RSE et la prise en comptes des enjeux environnementaux ont été ignorés pendant trop long par manque de solutions. Portés par des a priori négatifs et face à la  difficulté de changer tout le modèle, souvent synonyme de retour en arrière, d’argument dangereux pour la santé économique des entreprises…. Nous arrivons enfin à sortir de ce mode de pensée négatif et avons réalisé que ces freins ne sont autres que le risque dû au changement et la difficulté d’endosser nos responsabilités. 

Le temps est arrivé d’assumer nos impacts environnementaux et sociaux, de définir un nouveau cap d’évolution de nos modèles sociétaux.  Mais également, de construire de nouvelles façons de créer, innover, faire fonctionner notre société économique et sociale en tenant compte des forces et limites de nos écosystèmes.

A suivre, l'expérimentation des labels sectoriels

La plateforme nationale pour la responsabilité sociétale des entreprises (collège composé d’entreprises, de partenaires sociaux, d’organisations de la société civile, de chercheurs et d’institutions publiques) a entrepris en 2019 de diagnostiquer les besoins et maturités du tissu économique français en matière de RSE selon la taille et le secteur d’activité de 12 fédérations professionnelles. Les recommandations destinées aux pouvoirs publiques et fédérations seront rendues début 2020 avec pour objectifs de mobiliser et d’encourager les entreprises dans leur démarche de responsabilité sociétale.

Propos de Emilie Grossi recueillis par Melody Schmaus  

Profil Linkedin de Emilie Grossi, Consultante en stratégie environnementale
Profil Linkedin de Melody Schmaus, Consultante en Marketing digital pour les entreprises et organisations à impact positif 

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