Notre podcast Business Positif a accueilli Thomas LEMASLE, fondateur de Oé, la 1ère marque de vin à remettre en place la consigne !
[RESUME DE L’EPISODE] Dans cet épisode nous parlons de :
- Un changement de nom qui s’impose
- Un nouveau métier
- La vision : le Bien par le Bon
- Communiquer pour se faire connaître
- La vente en ligne
- L’impact positif : une opportunité business
- Encourager la prise de parole des salariés pour les impliquer dans l’entreprise
- Les levées de fonds : un enjeu aussi humain
- Activer tous les réseaux sociaux pour communiquer sur son impact
- L’impact et B-Corp
Le nom de la marque “Oé” a été choisi pour le mot “œnologie” mais aussi pour son sens : c’est une marque qui prend la parole et qui s’engage.
Engagée dans le vin : ils travaillent avec des petits vignerons, bio et sans pesticide et ils veulent être cohérent avec ce qu’ils font. C’est pour cela que les bouteilles aussi sont pensées pour être le plus écologiques possible.
Et pour pousser le bouchon un peu plus loin, ils ont remis en place la consigne et c’est une première en France.
Ils sont aussi certifiés B-corp et ont été choisi pour être fournisseur du ministère de l’écologie.
Un changement de nom qui s’impose
Oé a changé de nom il y a deux ans. L’équipe s’était alors posée la question : comment avoir plus d’impact ?
Dans la filière du vin, il y a deux sujets :
- Les pesticides, la protection de la biodiversité,
- La logistique, le zéro déchet, mais dans les opérations au sens large. Il faut à ce niveau-là réfléchir sur la fonte du verre, sur la consigne.
Pour répondre à cet aspect zéro déchet, et avoir la main sur ces différents niveaux, ils ont voulu lancer leurs propres vins.
Or, la marque s’appelait jusque là Pinot Bleu et ils trouvaient que proposer un chardonnay (vin blanc ndlr) qui s’appellerait Pinot Bleu serait quelque chose d’étrange (le pinot étant un vin rouge).
Un nouveau métier
Oé travaille avec des petits vignerons. Ils sont très transparents sur la provenance de leurs vins.
Ils essaient d’être un pont entre les vignerons et les consommateurs, en créant du contenu vidéo, en parlant des vignerons.
On les appelle « néo-négociants”.
Thomas a fait une école d’ingénieur puis a passé 6 ans chez L’oréal Luxe puis chez Danone, Bledina.
Puis un jour, il a suivi un MOOC chez Ticket-for-change pour devenir entrepreneur du changement.
Dans son esprit, il voulait travailler autour du “beau” (d’où L’Oréal), mais d’un autre côté, il était de plus en plus conscient du rôle que chacun a à jouer.
À la fin de cette formation, il fallait proposer des projets et j’ai été retenu dans les meilleurs.
Dans la foulée, j’ai rencontré François-Xavier qui lui voulait être dans le vin.
François-Xavier a fait polytechnique. Par la suite, son métier consistait à reprendre des entreprises mal en point pour les remettre à flot.
Il est resté 5 ans dans un domaine viticole et cette expérience l’a bousculé, car il voyait ses équipes partir avec des masques à gaz dans les vignes. Il s’est dit que quelque chose n’allait pas.
Il connaissait bien le métier, ses tenants et aboutissants. François-Xavier et Thomas se sont donc vite associés et Valérie, qui est œnologue, les a rejoints rapidement.
La vision : Le Bien par le Bon
Oé veut mettre son business au profit du bien commun, que les vins soient un outil pour faire le bien.
“On doit utiliser chacun ce qu’on a pour faire le bien, c’est ce qui nous motive”
L’équipe compte 15 personnes : 2 personnes à la communication, 2 personnes à la logistique et l’équipe commerciale.
François-Xavier est COO. Il s’occupe de toute la partie financière, légale, logistique.
Valérie s’occupe de la partie œnologie.
Thomas s’occupe de la partie commerce, communication digitale et c’est lui qui est porte-parole de la marque, comme aujourd’hui pour le podcast.
Communiquer pour se faire connaître
En 2015, Oé se crée et pour se faire connaître contacte chaque vigneron bio, puis le bouche-à-oreille fait le reste.
Ils ont rencontré ces vignerons et ont commencé à présenter leur vin. C’est un métier de négociant.
Dès le début, Oé était sur le web. Ils ont créé une boutique et une application.
Après, ils ont fait un mix entre physique et digital. Ils organisaient des dégustations pour créer la rencontre tout en misant sur les réseaux sociaux.
Puis, le bio s’est vraiment démocratisé. Il y a 5 ans, Oé voulait toucher la niche, faire connaître les vins, rassurer sur la qualité de la sélection.
Ils voulaient rassurer sur leur vision et dire qu’ils croyaient à un business qui va au-delà du bio. Du coup, derrière, il faut une entreprise cohérente à 360°, c’est-à-dire en accord aussi sur le bien être de l’équipe.
En 2019, le nom “Oé” est lancé. Les vignerons les ont suivis. Au début, ils n’avaient que 3 vins sous la marque Oé et petit à petit ils ont tous basculé.
Par rapport aux canaux de distribution, ils ont toujours leur boutique en ligne qui marche bien. Puis, lancer la marque permet d’avoir un discours très clair et limpide, ce qui leur ouvre des portes, notamment en retail : épicerie en vrac, bio… Le lancement de la consigne a notamment fortement contribué à cela.
La vente en ligne
La vente en ligne représente 25% de notre Chiffre d’Affaires. Cela devrait diminuer cette année, car le reste prend une plus grosse dimension.
Oé est attaché à l’expérience client.
On veut que le vin soit bon et que tout reflète le vin
Du coup, Oé s’applique à faire de beaux coffrets avec des mots écrits à la main. Au niveau des paiements, ils ont toujours les dernières technologies.
Le tracking sur le site aide beaucoup.
L’impact positif : une opportunité business
Pendant le confinement, Oé en a profité pour refaire une passe de branding en allant un cran plus loin dans leurs engagements et a lancé 9 vins.
Cela lui a permis d’augmenter son chiffre d’affaires, même pendant le confinement. L’équipe a d’ailleurs pu travailler pendant ce temps, ce qui a permis à l’entreprise de faire ce pas en avant.
Le chiffre d’affaires 2021 devrait être 4 fois supérieur à celui de 2020.
Oé veut promouvoir une nouvelle façon de consommer.
“Il faut qu’on reste très humble par rapport à ce qu’on fait. Il faut s’en réjouir, mais il faut bien voir pourquoi on monte ce projet”
Cela peut sembler être une contrainte de chercher à être cohérent avec ses valeurs, mais, en même temps, cela facilite grandement les choses, car il y a beaucoup moins de questions : on veut une encre, on va chercher l’encre qui est la plus éthique, durable et écologique.
Pour Thomas, l’impact est clairement une opportunité business. Puis, le discours d’Oé est riche, beau et vient engager les autres.
L’équipe a l’envie de faire les choses ensemble, ce qui est quelque chose de très positif pour l’énergie commune.
Les engagements nourrissent le discours commercial, de communication et la vie en général.
C’est pour cela que, tous les trimestres, Oé fixe en plus des objectifs commerciaux et marketing, des objectifs d’engagement.
Encourager la prise de parole des salariés pour les impliquer dans l’entreprise
Et puis, chacun a la parole dans l’entreprise. Il est important de mieux comprendre et connaître les talents de chacun pour que chacun puisse s’épanouir. Du coup, Oé pousse ses collaborateurs à s’exprimer.
“S’il y a un sujet qui vous parle, faisons-le !”
Par exemple, il y a 8 mois, Sonia, passionnée par le 0 déchet, a commencé à questionner l’entreprise sur cette dimension.
L’entreprise a fini par le mettre en place, même si cela lui semblait impossible au début.
Aujourd’hui, l’entreprise livre en casier. Un acteur vient ramasser ce casier, lave les bouteilles et les renvoie à Oé.
“C’est vertueux de tous les côtés !”
Les levées de fonds : un enjeu aussi humain
Au début, les fondateurs d’Oé ont engagé leurs fonds personnels, puis il y a eu 2 levées de fonds :
- 400 000 € avec friends and family energie
- 2,5 millions d’euros en 2020 avec Vol-V, un acteur qui travaillait dans les énergies renouvelables et avait à cœur de réinvestir dans les entreprises qui voulaient changer la donne du point de vue écologique.
Matthieu est partagé sur le concept de la levée de fond. Il pense que ce n’est pas l’unique chemin, mais dans l’univers du vin il faut atteindre un certain palier pour optimiser la production.
L’enjeu sur ces levées de fonds est surtout humain. Une levée de fonds c’est stressant pour l’équipe et pas simple. Et une entreprise bio, comme celle d’Oé, doit aussi être bio dans sa façon de gérer l’équipe, le stress.
“Il faut jouer intelligemment.”
Activer tous les réseaux sociaux pour communiquer sur son impact
Oé a activé tous les réseaux sociaux. Ils ont même fait quelques lives dans l’univers de l’impact. Ils essaient aussi que tout soit “beau au-delà du bon”, et sur Pinterest ça fonctionne.
“La mission au cœur permet le développement, et le marketing va permettre de l’optimiser.”
Astuce : sur pinterest quand quelqu’un “pin” un posts, cela crée un lien qui est repéré par les moteurs de recherche et cela crée donc une valeur backlink.
Oé communique aussi via des collaborations. Ils aiment raconter ce qu’ils font et ce que font les vignerons.
Ils avaient par exemple fait une première avec un artiste musicien, ou créé un atelier bingo autour de la biodiversité.
Oé donne 1% de son CA pour le programme “Oé pour la biodiversité”. Ils aident leurs vignerons à s’améliorer sur les sujets de la biodiversité.
Sur le web, racontez ce que vous faites et n’hésitez pas à en dire les limites. Sur certaines choses, il faut faire des compromis. Par exemple, Oé envoie ses palettes dans des films plastiques. Le plastique est certes le plus fin possible, ils ne sont pas très fans de cette solution, mais en le disant, ils disent aussi qu’ils en sont conscients. Et cela peut aussi permettre de trouver des solutions via les personnes qui les suivent sur les réseaux sociaux.
Pour Oé, ce qui fonctionne moins, c’est l’optimisation du trafic et de la conversion. C’est un travail monumental, un travail de fond que Thomas estime qu’ils ne font pas encore assez bien.
L'impact et B-Corp
Oé a choisi B-Corp parce qu’ils correspondaient vraiment à la vision que les fondateurs avaient de l’entrepreneuriat.
Ils croient que l’entrepreneuriat est un levier énorme pour répondre aux enjeux de la société et B-Corp est très positif, mais très accès business aussi.
Oé a fait partie des premières entreprises B-Corp de France. Ils ont d’ailleurs été recertifiés et ont gagné 15 points.
Pour Thomas, humainement parlant, c’est aussi très agréable de travailler avec ses personnes.
Pour mesurer son impact, Oé mesure de petites choses (ils pèsent leurs déchets par exemple), mais la grande mesure qui a été prise, c’est sur la consigne. Ils savaient que c’était sur ça que l’enjeu carbone était le plus monumental.
Oé est en train de faire en sorte que 50% du volume BtoB soit consigné.
Puis, dans un sens, le chiffre d’affaires de l’entreprise est une mesure de l’impact puisque plus elle grandit, plus on déploie l’agriculture durable et un monde de consommation plus bienveillant.
“ Mon thermomètre c’est aussi la joie de l’équipe de venir ici, ce n’est pas forcément mesurable, mais c’est ce qui compte pour moi."
Un conseil pour les auditeurs ?
Il est important de se réjouir de tout, mais il ne faut pas s’en satisfaire, il faut trouver un équilibre.
“Il faut ouvrir les yeux sur les réussites, mais garder en tête le chemin qu’il reste à faire.”
Une musique ou un film qui illustre la vision du business positif de Thomas LEMASLE
“doing it right” des Daft Punk.
Faire les choses dans le bon ordre, dans le bon sens, c’est parfois ce qui fait la différence.
"Si tu sens que c’est le bon chemin, il faut foncer."
Une recommandation d’un autre acteur du monde de l’entreprise pour ce podcast
Kasidomi qui s‘est donné pour mission de rendre les produits sains accessibles
Un grand merci à Thomas LEMASLE de Oé pour cette interview !